Le metavers est une fiction

Je parlais avec un ami le week-end dernier, et j’ai été surpris qu’il ne sache pas d’où vient le mot metavers (metaverse), malgré nos intérêts en commun.

Metavers donc ; un terme en vogue mal défini, peu compris. J’avoue que je le trouve absurde, enfin surtout son utilisation liée au marketing et à la communication.

Le mot vient d’un roman de science-fiction de 1992, Snow Crash par Neal Stephenson (Le Samouraï Virtuel en français). J’ai adoré, je le recommande.

On y suit Hiro Protagonist, personnage principal comme son nom l’indique, livreur de pizza pour la mafia et hacker dans le metavers à ses heures perdues, qui se retrouve embarqué dans un complot de drogue/virus.

Dans le livre, le metavers est une version avancée d’un réseau Internet, dans un environnement virtuel. On comprend que les consciences et expériences des utilisateurs y sont projetées. Plutôt que de le voir sur un écran, on est vraiment dedans.

On a eu les Sims, Second Life, Facebook, et puis fin 2021, Mark Zuckerberg à annoncé le metavers, le changement de nom d’entreprise pour Meta, et leur monde virtuel Horizon Worlds.

J’ai essayé plusieurs casques de réalité virtuelle au fil des années, et je trouve les technologies encore loin d’être concluantes. Oui ça pourrait changer demain, mais aujourd’hui, pour moi, on y est pas.

Apparemment entre 40% et 70% des gens qui mettent un casque de réalité virtuelle ont la nausée après un quart d’heure d’utilisation. C’est énorme.

Personnellement ça ne me rend pas malade. C’est impressionnant, mais après quelques minutes, c’est lourd, peu confortable, il y a des délais de latence, les contrôles avec les mains c’est bizarre, les graphismes sont moyens, etc.

Fin 2022, après $36 milliards investis, Horizon Worlds de Meta n’avait qu’environ 200 000 utilisateurs actifs.

C’est bien plus que Decentraland (entre 38 et 8000 utilisateurs selon les sources). On est bien loin de Facebook, dont l’utilisation est toujours en augmentation et a récemment dépassé les deux milliards d’utilisateurs quotidiens.

En général quand on parle de metavers et de succès, il s’agit en fait de jeux vidéos : Fortnite, Minecraft, World of Warcraft, Roblox, etc.

Je suis intéressé par les jeux et tout ce qui est ludique, j’encourage simplement à appeler un jeu, un jeu.

J’ai l’impression que beaucoup de gens espèrent qu’en répétant le mot assez souvent, ça deviendra vrai. Vu que ça a démarré avec un des hommes les plus riches et les plus influents du monde, ils ont sans doute plus ou moins réussi, soutenu par des investissements massifs.

Il y a aussi des doutes, comme dans cet article de PC Gamer en 2021 (The metaverse is buls**t), ou encore celui-ci bien plus récent du Financial Times (What happened to the metaverse?).

Pour ma part, il n’y a pas, ou pas encore, réellement de metavers. Le metavers est une fiction, que ce dans Snow Crash ou aujourd’hui et maintenant.

Qu’une entreprise comme Meta cherche la prochaine évolution technologique, très bien. Mais si le metavers est défini comme une plateforme de réalité virtuelle utilisée par tout le monde, alors c’est encore loin d’être intéressant ou fonctionnel pour le commun des mortels. Je dirais donc pareil pour des applications stratégiques en marketing ou en communication, ce n’est pas une priorité.

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